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Le bruit.
--> sommeil difficile...

  Ne pas y penser. Ne pas y penser. Ne pas y penser. Je veux dormir, marre de me retourner sans cesse dans le lit, de crever de chaud sous les draps, déjà deux heures trente-sept je vois le cadran lumineux qui clignote, je veux dormir. Pourtant je suis crevé, mal à la tête, ce serait si bon juste quelques minutes et puis peut-être que je ferais mieux d’allumer la lumière. Pour quoi faire ? Non, rester dans le noir et donc se concentrer, fermer les yeux, ne pas y penser, dormir. J’entends un bruit, ça vient de derrière ou de la pièce à côté, un bruit tout mince tout faible, mais je l’ai quand même entendu. Et si c’était lui qui venait pour se venger ? Non, c’est impossible, il n’oserait pas, pas après ce que… Ne pas y penser ! J’écoute autant que je peux, je soulève même un peu la tête de l’oreiller brûlant, ça me fait mal mais il faut que j’écoute et que je sache ce qui se passe tout près, si c’était lui ça serait terrible. Sûrement, il est revenu en profitant de l’obscurité pour passer inaperçu, c’est bien son genre, pour m’attaquer et profiter de ma faiblesse. C’est ce que j’ai dit, il a deviné ce qu’on faisait, ça doit se sentir ces choses-là, surtout qu’il connaît sa femme alors il a du remarquer qu’elle changeait ou qu’elle lui échappait, même si elle me dit toujours qu’il ne se doute de rien. Je le déteste, il est si laid avec sa beauté, et ce front trop haut, et son cou trop épais, son cou gras qu’on a envie de trancher, je l’imagine avec elle en train de, même si elle me dit toujours qu’elle s’arrange pour qu’ils ne, enfin pas aussi souvent qu’avant, avant moi, mais enfin c’est son mari donc il doit vouloir et alors elle, mais je sais qu’elle n’en a pas envie, ça compte beaucoup ça après tout, je suis le seul qu’elle aime pour ça, comme pour le reste d’ailleurs et qu’il aille au Diable, ce mari ou plutôt ce cocu, cocu, cocu, et moi l’amant comme dans les grandes histoires, le bel amant qui vient quand le mari, le co-cu n’est pas là et que la belle est toute seule et qu’elle l’attend, mal à la tête, si seulement j’avais un de ces cachets d’aspirine, ceux qui font passer la douleur comme dit la publicité et qu’on peut dormir sans peine ensuite, oui mais ils sont dans la cuisine, et pas le courage pour me lever sans compter qu’il est peut-être dans l’appartement, avec une arme, attendant dans un coin que je me lève pour le cachet d’aspirine bullant bulles, il doit être furieux s’il sait que moi je, il suffit qu’il ait trouvé une brûlure de cigarette sur les vêtements de sa femme, et il fera le rapprochement parce que tout à l’heure il m’a vu écraser mon mégot avant de me lever, pas le courage de me lever, il fait trop noir et trop chaud, on étouffe, et s’il avait monté le chauffage pour me faire délirer puisqu’il sait que je suis malade, sûrement il a l’intention d’ouvrir le gaz dans la cuisine et de me laisser étouffer là-dedans à moins qu’il ne mette le feu ensuite, odeur de brûlé, mal à la tête j’ai si mal et j’ai si chaud, ne pas y penser et dormir pour que ça passe, et s’il faut que je crève dans mon sommeil eh bien je m’en moque mais laissez-moi dormir, qu’on me laisse en paix, paix, en paix reposer comme pour toujours les yeux fermés et le souffle court, dormir inspirer expirer lentement, à fond, ne penser à rien, surtout pas à lui le mari le cocu le coq et son cou gras, la chaleur qui m’empêche de respirer, inspirer expirer encore, encore un bruit qui se rapproche, le sale bruit si fin pour ne pas qu’on l’entende, le sale bruit qu’il ne faut pas entendre mais qui s’approche, chansonnette de mort avec ses odeurs moites, poème qui endort dans le silence et me prend à la gorge… Fatigué, fatigué… ô elle, sa gorge nue et ses yeux de cristal qui crèvent l’obscurité, qui m’envoûtent… Fatigué, fatigué… Je veux dormir, dort, dort, dort le petit enfant bercé par une chansonnette, n’écoute pas les bruits et s’endort sans cesse, un bruit fort cette fois ! si fort que j’en tremble, comme un son de cuivre sur le mur, et si près ce gros bruit, ce bruit suffocant, alarmé, j’ai peur, je me dresse sur mon lit, repousse les couvertures, je vais allumer et voir ce qui se cache dans le noir, je vais… Dormir, fatigué… les paupières qui tombent… mais non, resté éveillé, il est là qui me guette, féroce et sans pitié, allumer la lumière… do-do, l’enfant do, l’enfant dormira bientôt… la fatigue, le sommeil, l’obscurité… chaud, envie de dormir… forme confuse dans le noir, tapi et sanglant, armé, dangereux, en colère contre moi, sa femme qui est mienne, il faut me défendre… l’enfant do, dormira bientôt… fatigué, le silence me berce, do, do, dormira… au chaud… heureux… en paix reposer comme pour toujours.  

Déposé par dyangel, le Mardi 2 Novembre 2004, 20:15 pour la rubrique Prose.