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Samedi (30/04/05)
Ne me quitte pas.
--> Jacques Brel

Ne me quitte pas
Il faut oublier
Tout peut s'oublier
Qui s'enfuit déjà
Oublier le temps
Des malentendus
Et le temps perdu
A savoir comment
Oublier ces heures
Qui tuaient parfois
A coups de pourquoi
Le cœur du bonheur
Ne me quitte pas

Moi je t'offrirai
Des perles de pluie
Venues de pays
Où il ne pleut pas
Je creuserai la terre
Jusqu'après ma mort
Pour couvrir ton corps
D'or et de lumière
Je ferai un domaine
Où l'amour sera roi
Où l'amour sera loi
Où tu seras reine
Ne me quitte pas

Ne me quitte pas
Je t'inventerai
Des mots insensés
Que tu comprendras
Je te parlerai
De ces amants-là
Qui ont vu deux fois
Leurs cœurs s'embraser
Je te raconterai
L'histoire de ce roi
Mort de n'avoir pas
Pu te rencontrer
Ne me quitte pas

On a vu souvent
Rejaillir le feu
D'un ancien volcan
Qu'on croyait trop vieux
Il est paraît-il
Des terres brûlées
Donnant plus de blé
Qu'un meilleur avril
Et quand vient le soir
Pour qu'un ciel flamboie
Le rouge et le noir
Ne s'épousent-ils pas
Ne me quitte pas

Ne me quitte pas
Je ne vais plus pleurer
Je ne vais plus parler
Je me cacherai là
A te regarder
Danser et sourire
Et à t'écouter
Chanter et puis rire
Laisse-moi devenir
L'ombre de ton ombre
L'ombre de ta main
L'ombre de ton chien
Ne me quitte pas.

Déposé par dyangel, à 20:25 dans la rubrique Autres poètes.
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Mardi (22/02/05)
C'est un ocre matin

  C'est un ocre matin.
  Les pieds nus dans les trêfles mouillés.
  Qui font silence.
  Un bruit d'eau qui perle sépare nos pensées. C'est un art que savent les iris de faire mêler aux rires leurs odeurs fripées.
  Les idées passent. Elles se parlent entre elles sans vraiment s'écouter.
  Une perle à ton oreille, elle tombe. Puis éclate sur le sol. Tel le sang répandu.
  Ce sont les dieux qui font silence.
  Ils savent qu'aujourd'hui, ils disparaîtront tout aux lueurs de l'aube.
  C'est un âcre matin.
  Une odeur de fruit mûr ne parvient pas à nous, étouffée par les cris de la rosée sortant. La mort est enfin là. Dans cette attente de l'espoir, nous nous paraissons las. 

  Le monde entier dégoutte.
  C'est enfin lorsque l'on pénêtre dans l'arête du monde, que l'on devient la sève de cet ocre matin.
  Rires d'enfants aux bois.
  Qu'allons-nous faire ce soir, amie trop convaincue ? Un feu de cheminée, peut-être dans le risible espoir de retrouver l'instant.
  De cet âpre matin.
  C'est un rouge matin, hier, pour mourir.
  Nous nous embrasserons dans la chute, cette nuit.

    Et demain nous verrons
    Partir les hirondelles,
    S'ouvrir enfin l'iris
    Que nous attendions
 
    Dans cet ocre matin.

 Yannick Chantran.

  Là encore, comment choisir un poème ?  Là encore, comment ajouter quoi que ce soit à ces mots ? Je préfère le silence.   

Déposé par dyangel, à 15:51 dans la rubrique Autres poètes.
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El desdichado

Je suis le ténébreux,- la Veuf, - l'inconsolé,
Le Prince d'Aquitaine à la tour abolie:
Ma seule Étoile est morte,- et mon luth constellé
Porte le soleil noir de la Mélancolie.

Dans la nuit du Tombeau, Toi qui m'as consolé,
Rends-moi le Pausilippe et la mer d'Italie,
La fleur qui plaisait tant à mon coeur désolé,
Et la treille où le Pampre à la rose s'allie.

Suis-je Amour ou Phoebus...? Lusignan ou Biron?
Mon front est rouge encor du baiser de la Reine;
J'ai rêvé dans la grotte où nage la Sirène...

Et j'ai deux fois vainqueur traversé l'Achéron:
Modulant tour à tour sur la lyre d'Orphée
Les soupirs de la Sainte et les cris de la Fée.

Gérard de Nerval

  Nerval ; ou la folie du poète. - Je suis l'autre. Il suffit de lire ce poème pour s'en persuader... 

Déposé par dyangel, à 15:34 dans la rubrique Autres poètes.
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Lundi (21/02/05)
Sonnet absinthique

Surgi d'un vieux grimoire, le sonnet absinthique
Festonne entre les lettres enluminées d'argent,
Tourmente le mots tarris, lovés dans le Levant,
Et fait taire d'une morsure les amens hystériques.

Guidé par la seule rime, sans fond, sans dédales,
Il se tord, il se plie, il se roule, il frémit -
Délire poétisé des sylphes aux ailes noircies;
Assoiffé de quatrains, l'absinthique déraille.

A l'ombre d'un cyprès au contours indinstincts,
Il s'étend lentement, se répand, s'ammoncelle -
Recrache le venin que les encres recellent;
Amphisbène sismique, insensé et succint.

Il observe les êtres qui s'échinent dans son âme
Et rêve d'absolution au jour qu'on nomme dernier;
Jamais son placide souffle ne lui sera ôté -
Quand l'absinthe triomphe, le sonnet n'est qu'un drame.

Elisabeth Smulskaïa.

  Comment présenter mes poètes préférés sans Elle ?

Déposé par dyangel, à 23:18 dans la rubrique Autres poètes.
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Dernier voeu

Voilà longtemps que je vous aime
- L'aveu remonte à dix-huit ans ! -
Vous êtes rose, je suis blême ;
J'ai les hivers, vous les printemps.

Des lilas blancs de cimetière
Près de mes tempes ont fleuri ;
J'aurai bientôt la touffe entière
Pour ombrager mon front flétri.

Mon soleil pâle qui décline
Va disparaître à l'horizon,
Et sur la funèbre colline
Je vois ma dernière maison.

Oh ! que de votre lèvre il tombe
Sur ma lèvre un tardif baiser,
Pour que je puisse dans ma tombe,
Le cœur tranquille, reposer !

Théophile Gautier.

On l'aime pour le style, le rythme, la couleur, les thèmes. Je renvoie tout le monde à la Morte Amoureuse... d'ailleurs, elle mériterait une rubrique à elle seule. J'ai dû choisir un poème, mais il y en a tant qui mériteraient d'être là également...

Déposé par dyangel, à 23:13 dans la rubrique Autres poètes.
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Roman

On n'est pas sérieux, quand on a dix-sept ans.
- Un beau soir, foin des bocks et de la limonade,
Des cafés tapageurs aux lustres éclatants !
- On va sous les tilleuls verts de la promenade.

Les tilleuls sentent bons dans les bons soirs de juin !
L'air est parfois si doux, qu'on ferme la paupière ;
Le vent chargé de bruits, - la ville n'est pas loin, -
A des parfums de vigne et des parfums de bière …

Voilà qu'on aperçoit un tout petit chiffon
D'azur sombre, encadré d'une petite branche,
Piqué d'une mauvaise étoile, qui se fond
Avec de doux frissons, petite et toute blanche …

Nuit de juin ! Dix-sept ans ! - On se laisse griser.
La sève est du champagne et vous monte à la tête ...
On divague ; on se sent aux lèvres un baiser
Qui palpite là, comme une petite bête …

Le coeur fou Robinsonne à travers les romans,
- Lorsque, dans la clarté d'un pâle réverbère,
Passe une demoiselle aux petits airs charmants,
Sous l'ombre du faux-col effrayant de son père …

Et, comme elle vous trouve immensément naïf,
Tout en faisant trotter ses petites bottines,
Elle se tourne, alerte et d'un mouvement vif ...
- Sur vos lèvres alors meurent les cavatines ...

Vous êtes amoureux. Loué jusqu'au mois d'août.
Vous êtes amoureux. - Vos sonnets la font rire.
Tous vos amis s'en vont, vous êtes mauvais goût.
- Puis l'adorée, un soir, a daigné vous écrire ... !

- Ce soir-là, ... - vous entrez aux cafés éclatants,
Vous demandez des bocks ou de la limonade ...
- On n'est pas sérieux, quand on a dix-sept ans
Et qu'on a des tilleuls verts sur la promenade

Arthur Rimbaud, 1870.

  Dix-sept ans. Evidemment, on tombe dans les poncifs du genre - Rimbaud, Verlaine... Mais leur gloire est bien méritée. Rimbaud, c'est un peu l'ombre de chaque poète, cette lame suspendue au-dessus des têtes : l'oeuvre courte d'un génie qui s'arrête brusquement après les derniers vers du recueil. Il faut se faire voyant, écrit-il, se faire voyant par un long dérèglement raisonné de tous les sens. Repose en paix, poète éternellement jeune.

Déposé par dyangel, à 22:56 dans la rubrique Autres poètes.
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Chanson d'automne

Les sanglots longs
Des violons
De l'automne
Blessent mon coeur
D'une langueur
Monotone.

Tout suffocant
Et blême, quand
Sonne l'heure,
Je me souviens
Des jours anciens
Et je pleure;

Et je m'en vais
Au vent mauvais
Qui m'emporte
Deçà, delà
Pareil à la
Feuille morte.

Paul Verlaine (1844-1896)

  Impossible de construire une telle rubrique sans un poème de Verlaine. J'ai choisi celui-ci parce que Gainsbourg s'en est inspiré... d'une pierre deux coups, comme dit l'adage. Le vent mauvais. Même Corneille et son obscure clarté n'ont pas produit, à mon sens, meilleure sensation. 

Déposé par dyangel, à 22:47 dans la rubrique Autres poètes.
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Lumière

 

Midi

La glace brille

Le soleil à la main

                              Une femme regarde

ses yeux

                                   Et son chagrin

Le mur d’en face est dépoli

Les rides que le vent fait aux rideaux du lit

                                   Ce que tremble

On peut regarder dans la chambre

                              Et l’image s’évanouit

                                   Un nuage passe

                                       La pluie. 

                                                            

 

Pierre Reverdy.

 Celui-ci est un peu particulier : je l'ai décortiqué dans le cadre d'un devoir de lettres. Je ne ferais pas à l'auteur l'injure de reproduire ici cette analyse bien médiocre, mais le traitement qu'il fait de la lumière, via un jeu de reflets magistralement orchestré, est bluffant. Etonnant de réaliser quelle intensité peut revêtir un tel dépouillement...  

Déposé par dyangel, à 22:41 dans la rubrique Autres poètes.
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L'exil

Partie : 1

CAP HORN

Déferlantes bleues marines frappent le foc déchiré,
Et l'angoisse qui ravive la brûlure sur mes yeux fatigués.

Pour ce bord, trop de gîte ! Mais où sont les limites ?
Dans l'écume et le froid, je promets
Qu'à la vie, à la mort,...à jamais,

je défierai :

 la mer,

 le vent

 et la peur

 de rester vivant.


Partie : 2

TERRE DE FEU

Un nouvel océan, plus calme,
Mais toujours tant de fièvre à l'âme.
Je me blottis au fond des bras
De mer
De ce vieux fou de Magellan.

Je partirai, plus solide, aux aurores.
L'ultime effluve de tes pudeurs encore
Pour oublier, me soufflera,
Plein nord,
Vers Santiago du Chili.

Et toujours...,

et toujours...,

les vagues...


Partie : 3

CONTRÉES SAUVAGES

Accablé, marqué par l'héritage,
le coeur crevé, crevant de rage !
J'ai quitté l'aube sans l'ombre d'un regret,
traçant sillage mais filant à coté.

Puis j'ai cinglé, changé de paysage ;

Adieu Gaïa, triste rivage !

Figure de proue m'ouvre à la nuit salée ;

De désir flou, j'ai manqué chavirer.

Jamais, dit-on, même au bout du voyage,
on ne sait qui et pourquoi dans l'orage,
Troque la vie contre son sarcophage,
vide mon âme et la griffe au passage.

Encore un jour où l'espoir se dilue.

Serrant la côte que je n'espérais plus,

Je vois mon corps, aux embruns-marécages,

Sauter sur l'île mais se tromper de plage.

Silhouette intruse, innocente au présage,
Par jeu, par ruse, se prête à mes ravages...

Lentement, la fille aux nattes brunes,

Dans le hamac, me fait un clair de lune ;

Je la respire, bercé par la lagune...

Ma toile se tisse au plus profond des brumes...

( ... araignée tout au fond de l'eau)


Partie : 4

L'INCUBE (inclus : Le Paradoxe Liquide)

Cela fait quelques temps que je te guettais,
...Araignée tout au fond de l'eau !
Le schupo inspectait les caves de Pankow...
Mit la main sur ce qu'il cherchait !

Je t'ai vue, remontant l'avenue, ...un soir ;
M'enivrant de tes crinolines,
Ouvragées de rubis et d'aigues-marines,
Disparaissant à petits pas, ...dans le noir.

Alors, j'ai exhumé ma rancoeur et mon fiel,
T'ai voulue ma prochaine victime,
Repris au clou la cape de Galadriel,
Patienté jusqu'à l'heure intime.
J'enfilais, une à une, les ruelle tordues,
C'est mon chemin de Paradis,
Arrivé au pied de ta maison cossue,
J'escaladais jusqu'à ton lit.

Et toi, tu dors toujours...

Moi, je suis l'incube de tes nuits vénitiennes,
épousant ton ombre au plus prés,
Mêlant d'Acqua-toffana la liqueur de verveine
que l'on te servira au coucher.
Je ferai s'envoler tous tes draps de soie,
soufflant sur ta nuit agitée,
T'inspirant des caveaux sombres,
...et des yeux de lamproies,
...et des rêves aux enfants torturés.
Et l'on n'entendra pas tes cris intérieurs :
Ces songes-là ne font pas de bruits !
Tu sauras l'absence de ce matin meilleur,
croyant à l'éternelle nuit.
Tu ne connaîtras pas non plus ma présence,
gribouillant de liquide ton nom,
Prenant la voix de tes inconsciences,
mon visage se mêlant aux démons !
Profitant de ton corps, ne se doutant de rien,
tes cauchemars protégeant mon désir,
J'ai cloué ta vertu sur la liste des rires
qui ne t'appartiendront plus demain.

Au réveil, épuisé, ton regard fané,
Errera sans doute un instant,
Puis, mourant du poison,
Verra imprimée sur tes cuisses
La marque de mes dents.
Ouais ! Mourante du poison, tu verras imprimée,
sur tes cuisses, la marque de mes dents.


Partie : 5

ANDROMEDE / LA BALLADE DE NU À MIRACH

Il est passé, et les étoiles l'ont regardé passer,
Hurler sa folie, la cacher au noir de l'immensité.
Il poursuivit sa route, enfilant les chemins,
La raison en déroute qui lui lâchait la main.
Dans la nuit, Andromède chavire en silence,
Elle l'attire (et il cède), lui redonne une chance...
Maintenant, sur la spirale, doucement il s'assoit
Et de là, aperçoit LA TERRE !

Lui, depuis M31, il regarde la Voie Lactée
Et sa boule bleue qui s'affole.
Et, de là, abandonne cette idée un peu folle
D'y retourner un jour...

Alain-Pierre Sittler
(1993)

  Un coup de coeur... poète moderne, style haché mais au lyrisme à fleur de mot ( si vous me permettez le calembour ).  5 parties, 5 voyages, une même quête ; empreinte de ce triangle dramatique : femme, folie, destin. C'est un tour du monde en solitaire qui ne pouvait que me toucher.

Déposé par dyangel, à 22:35 dans la rubrique Autres poètes.
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En Arles

Dans Arles, où sont les Aliscams,
Quand l'ombre est rouge, sous les roses,
Et clair le temps,

Prends garde à la douceur des choses,
Lorsque tu sens battre sans cause
Ton coeur trop lourd,

Et que se taisent les colombes:
Parle tout bas si c'est d'amour,
Au bord des tombes.

Paul-Jean Toulet (1867-1920)

  Celui-ci est indescriptible. Un de mes préférés, le meilleur sans doute. C'est d'autant plus surprenant que les autres poèmes de Toulet ne me semblent pas particulièrement exceptionnels. Seulement, il y a quelque chose dans celui-ci... quelque chose qui m'empêche de le commenter ou de l'analyser comme on pourrait le faire d'un autre.

Déposé par dyangel, à 22:23 dans la rubrique Autres poètes.
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