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L'exil

Partie : 1

CAP HORN

Déferlantes bleues marines frappent le foc déchiré,
Et l'angoisse qui ravive la brûlure sur mes yeux fatigués.

Pour ce bord, trop de gîte ! Mais où sont les limites ?
Dans l'écume et le froid, je promets
Qu'à la vie, à la mort,...à jamais,

je défierai :

 la mer,

 le vent

 et la peur

 de rester vivant.


Partie : 2

TERRE DE FEU

Un nouvel océan, plus calme,
Mais toujours tant de fièvre à l'âme.
Je me blottis au fond des bras
De mer
De ce vieux fou de Magellan.

Je partirai, plus solide, aux aurores.
L'ultime effluve de tes pudeurs encore
Pour oublier, me soufflera,
Plein nord,
Vers Santiago du Chili.

Et toujours...,

et toujours...,

les vagues...


Partie : 3

CONTRÉES SAUVAGES

Accablé, marqué par l'héritage,
le coeur crevé, crevant de rage !
J'ai quitté l'aube sans l'ombre d'un regret,
traçant sillage mais filant à coté.

Puis j'ai cinglé, changé de paysage ;

Adieu Gaïa, triste rivage !

Figure de proue m'ouvre à la nuit salée ;

De désir flou, j'ai manqué chavirer.

Jamais, dit-on, même au bout du voyage,
on ne sait qui et pourquoi dans l'orage,
Troque la vie contre son sarcophage,
vide mon âme et la griffe au passage.

Encore un jour où l'espoir se dilue.

Serrant la côte que je n'espérais plus,

Je vois mon corps, aux embruns-marécages,

Sauter sur l'île mais se tromper de plage.

Silhouette intruse, innocente au présage,
Par jeu, par ruse, se prête à mes ravages...

Lentement, la fille aux nattes brunes,

Dans le hamac, me fait un clair de lune ;

Je la respire, bercé par la lagune...

Ma toile se tisse au plus profond des brumes...

( ... araignée tout au fond de l'eau)


Partie : 4

L'INCUBE (inclus : Le Paradoxe Liquide)

Cela fait quelques temps que je te guettais,
...Araignée tout au fond de l'eau !
Le schupo inspectait les caves de Pankow...
Mit la main sur ce qu'il cherchait !

Je t'ai vue, remontant l'avenue, ...un soir ;
M'enivrant de tes crinolines,
Ouvragées de rubis et d'aigues-marines,
Disparaissant à petits pas, ...dans le noir.

Alors, j'ai exhumé ma rancoeur et mon fiel,
T'ai voulue ma prochaine victime,
Repris au clou la cape de Galadriel,
Patienté jusqu'à l'heure intime.
J'enfilais, une à une, les ruelle tordues,
C'est mon chemin de Paradis,
Arrivé au pied de ta maison cossue,
J'escaladais jusqu'à ton lit.

Et toi, tu dors toujours...

Moi, je suis l'incube de tes nuits vénitiennes,
épousant ton ombre au plus prés,
Mêlant d'Acqua-toffana la liqueur de verveine
que l'on te servira au coucher.
Je ferai s'envoler tous tes draps de soie,
soufflant sur ta nuit agitée,
T'inspirant des caveaux sombres,
...et des yeux de lamproies,
...et des rêves aux enfants torturés.
Et l'on n'entendra pas tes cris intérieurs :
Ces songes-là ne font pas de bruits !
Tu sauras l'absence de ce matin meilleur,
croyant à l'éternelle nuit.
Tu ne connaîtras pas non plus ma présence,
gribouillant de liquide ton nom,
Prenant la voix de tes inconsciences,
mon visage se mêlant aux démons !
Profitant de ton corps, ne se doutant de rien,
tes cauchemars protégeant mon désir,
J'ai cloué ta vertu sur la liste des rires
qui ne t'appartiendront plus demain.

Au réveil, épuisé, ton regard fané,
Errera sans doute un instant,
Puis, mourant du poison,
Verra imprimée sur tes cuisses
La marque de mes dents.
Ouais ! Mourante du poison, tu verras imprimée,
sur tes cuisses, la marque de mes dents.


Partie : 5

ANDROMEDE / LA BALLADE DE NU À MIRACH

Il est passé, et les étoiles l'ont regardé passer,
Hurler sa folie, la cacher au noir de l'immensité.
Il poursuivit sa route, enfilant les chemins,
La raison en déroute qui lui lâchait la main.
Dans la nuit, Andromède chavire en silence,
Elle l'attire (et il cède), lui redonne une chance...
Maintenant, sur la spirale, doucement il s'assoit
Et de là, aperçoit LA TERRE !

Lui, depuis M31, il regarde la Voie Lactée
Et sa boule bleue qui s'affole.
Et, de là, abandonne cette idée un peu folle
D'y retourner un jour...

Alain-Pierre Sittler
(1993)

  Un coup de coeur... poète moderne, style haché mais au lyrisme à fleur de mot ( si vous me permettez le calembour ).  5 parties, 5 voyages, une même quête ; empreinte de ce triangle dramatique : femme, folie, destin. C'est un tour du monde en solitaire qui ne pouvait que me toucher.

Déposé par dyangel, le Lundi 21 Février 2005, 22:35 pour la rubrique Autres poètes.