Ce soir, le ciel avait pris un apect presque laiteux. On aurait dit une mousse sombre et dense mouchetée d'éclats de nacre : comme des perles tombées au hasard d'un coffret merveilleux, les étoiles illuminaient la voûte céleste. Là, allongé dans l'herbe fraîche, je contemplais ce spectacle fantastique avec recueillement : je sentais qu'il fallait goûter ce moment comme un nectar unique et précieux, m'imprègner du silence, de l'obscurité et de ce sentiment inhabituel de ne plus former qu'un avec la Nature.

  J'observais les étoiles, les ombres du ciel, et je dessinais là-haut des formes étranges avec mon regard. J'étais presque étourdi par l'immensité profonde du spectacle : une douce ivresse m'envahissait lentement, simple et joyeuse. Une larme perla au coin de mon oeil ; je la laissais glisser doucement contre ma joue et finir sa course éphémère dans l'herbe, parmi les gouttes de rosée nocturnes.

  C'est alors que j'entendis quelqu'un crier mon nom. Ils étaient déjà à ma recherche. Je restai allongé sans un mot, m'accrochant encore quelques instants au ciel. Mais déjà, sa magie s'effaçait, déjà il me laissait seul face à moi-même et aux autres. J'entendais des pas se rapprocher sur le chemin de terre. Alors je soupirai et me levai. J'avais des rêves, ce soir, assez des rêves pour toute une vie...Je regardai le sourire mélancolique des étoiles une dernière fois, haussai les épaules et m'éloignai.

dyangel.