Cette pluie n'en finira jamais de tomber. Je l'entends tambouriner contre les carreaux sales, frapper le verre à mille reprises, inlassable, demoiselle à la chevelure humide et aux reflets d'argent.
Ce silence durera toujours. Ce vide qui m'entoure, chargé de l'absence de tes secrets, lourd de tes impossibles promesses.
Le miroir de ma chambre a gardé quelques-uns de tes traits : un sourire furtif, peut-être, ou le coin d'une joue colorée. Ton odeur est partout, légère comme un charme mais dure comme l'acier. Elle pique un peu mes narines. J'ai froid, si froid.
Un regard par la fenêtre sur la campagne humide. Un regard sur le monde qu'on partageait si bien. Il y a là un bouquet de fleurs, emporté par le vent, qui tourbillonne dans l'allée. Des roses et des primevères dont les pétales s'envolent, des formes sans pareilles que l'on aimait tant. Frivoles.
Sur mon bureau vide, un petit carnet bleu repose dans le calme ; dehors volent les roses. Juste des fleurs emportées par le vent qui emporte ma haine. Un petit carnet bleu marqué de tes voeux marqué de ta peine. Bouquet tourbillonnant de senteurs humaines et de parfums venteux.
Et puis je referme ce carnet recouvert d'une écriture penchée, écriture d'une fille partie un peu trop tôt. Les poèmes se brisent et les rimes font froid dans le dos.
Je tends la main pour ouvrir la fenêtre, les gouttes d'eau malines viennent frapper ma peau. Et mon visage se pare de toute l'eau du ciel. Mes larmes humaines rendent un dernier adieu à cette fille solitaire, à cette fille dont les traits sont figés à jamais sur le miroir de mon âme.
En cet instant éphémère je t'aime à jamais, malgré les rois du ciel.
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Je ne sais pas pourquoi j’écris cela. Ca fait longtemps qu’elle est partie, même si elle se rapproche à nouveau depuis peu.
J’écris le drame et je le vois se tisser doucement autour de moi. J’aime ce drame comme on aime un mélange subtil, un nectar alcoolisé qui déforme la réalité pour la dévoiler nue.
« L’amour, dit-elle, c’est comme trois verres d’absinthe. Les deux premiers enivrent, le troisième donne la migraine. »
dyangel.
Les réactions :
Re:
L'eau pour laver les pleurs, c'est assez efficace.
L'alcool, par contre, c'est moins évident ...
dyangel
ps : Je suis désolé de ne pas poster de messages aussi régulièrement que je le souhaiterais ; mais je travaille en ce moment sur un recueil de nouvelles qui me prend pas mal de temps.
Valaxaur
l'eau pour laver les pleurs, l'alcool pour oublier?
récit poètique :-)